Leurs mains qui se tiennent
Leurs mains qui se tiennent
Dans la joie les maintiennent
C’est la première chose que tu as faite quand tu as rencontré ta petite sœur : tu as attrapé sa main.
Tu l’as attrapée et tu ne l’as plus lâchée.
Parfois tu la serres un peu trop fort, ou encore tu la secoues, tires un peu dessus.
Tu y colles ta bouche, ton nez, ton front.
Tu l’observes toujours sous tous les angles, de tous les côtés, et tu t’émerveilles de la voir grandir peu à peu ; et de la voir gagner en habileté peu à peu, tu n’arrives pas bien à démêler les sentiments que cela suscite en toi : il arrive que ses nouveaux pouvoirs t’inquiètent ou te chiffonnent, mais les promesses d’innombrables partages et d’infinis possibles qui se dessinent en filigrane te réjouissent et l’emportent.
Un jour tu lui as dit en prenant ses mains dans les tiennes « donne, donne-moi tes petites manounettes ».
Je crois bien que c’est un de tes premiers mots inventés. Une sorte de néologisme, un clin d’œil à ma propension à ajouter -ette à la fin de tous les mots (j’ai toujours eu tendance à faire des augmentatifs en guise de diminutifs).
Toi, tout d’abord, tu t’es contentée de dormir, paisible. Les doigts pris entre ceux de ta grande sœur.
Puis tu t’es mise à la regarder, intensément, chaque fois qu’elle venait auprès de toi, et que sa main attrapait la tienne.
Un peu après, tu as commencé à t’agiter, à danser, à trépigner dans ces moments-là, à sourire et à rire...
Parfois tu ne la laisses plus dénouer son étreinte, tu l’agrippes à ton tour.
Ou bien tu te débats un peu, quand tu n’es pas d’accord, que tu as bien envie de faire autre chose de tes mains que de les laisser aller à sa guise.
A présent quand sa main passe à portée de la tienne, te voilà qui tends le bras autant que tu le peux, pour l’attraper !
Et les mains de ta sœur jouent ainsi une grande part dans tes découvertes sensorielles.
Expériences tactiles en premier lieu, mais également olfactives, gustatives, auditives, visuelles...
Tu n’en finis pas d’ailleurs, de regarder ses mains, de les regarder saisir, tourner, manipuler... Et déjà les tiennes les imitent.
Un jour je vous regarderai sûrement marcher toutes les deux, main dans la main.
Et mon cœur suit les oscillations des ondes de deux mains
Et vos mains qui s’accrochent dansent sans fin sous mes paupières